La guerre d'une 5ème dimension : le numérique

Cet article explique les différents moyens qu'ont les États pour se défendre des menaces extérieures en utilisant les nouvelles technologies.

La guerre d'une 5ème dimension : le numérique
Photo by Kelvin Han / Unsplash

Dans un monde géopolitique dominé par des rapports de coercition aux aspects de jeu à somme nulle, la guerre semble inévitable. La guerre se passe désormais à travers un nouveau monde : le numérique. Comment les états s’adaptent-ils à cette réalité ?


Certains disent que la guerre est intrinsèque à l’Homme. Lorsque l’on regarde en arrière, nous pouvons déceler des centaines de batailles, sur l’entièreté du globe : à chaque époque, à chaque décennie, à chaque année sa ou ses guerres. Malgré ce caractère belliqueux, nous autres humains sommes doués du “logos”, le langage et par là même, de la pensée. Le philosophe Hobbes théorisa la célèbre maxime :

Hobbes

“L’Homme est un loup pour l’homme.”

C’est ainsi que nous vivons aujourd’hui au sein d’État-Nations, délimités par un territoire, des règles (lois) et un pouvoir en place pour empêcher les éclats de tensions. En dépit de cela, les guerres ont pourtant persisté, parfois au sein même des États, parfois entre États voisins. Il a donc fallu développer des moyens pour se défendre des menaces ennemies afin de protéger son territoire et son peuple. C’est à cet effet qu'ont été créés, dans chaque pays, un conseil de défense et de sécurité nationale. Si les premières guerres se déroulaient au son des pas de l’infanterie (sur terre), elles évoluent désormais avec les technologies et les innovations portées par les hommes. Se sont ainsi succédé la guerre terrestre, la guerre marine, la guerre aérienne puis la guerre spatiale, pour en venir aujourd'hui à l’ère de la guerre de la cinquième dimension : la guerre du numérique. Le numérique engendre des bouleversements sur tous les fronts : possibilité d’espionner à distance, de copier des technologies, de révéler des secrets d’État ou simplement de se faire la guerre sans enregistrer de pertes humaines : le numérique est un catalyseur. Ainsi comment protéger et défendre son pays à l’ère de la guerre de la cinquième dimension ?

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L’impératif de la cybersécurité

Si la défense du territoire est assurée par les autorités étatiques comme les douanes ou la gendarmerie en France, il faut aussi protéger les terrains d’opération virtuels. Pour commencer, il existe ce que l’on appelle des “hackers” : des pirates informatiques. À cet égard, notre dernier article sur le sujet vous permettra de développer une connaissance approfondie des différentes catégories de "hackers". Certains pirates, appelés “black hat” peuvent être “embauchés” par des États pour bénéficier de leurs prestations pourtant illégales afin de dérober des informations détenues par des ennemis, mais ils sont, généralement, davantage mobilisés pour protéger un État. Les États-Unis ont, par exemple, lancé un appel d’offre en 2015 pour trouver des “black hat” compétents afin d’assurer une protection face aux menaces extérieures.

Anonymous computer hacker in white mask and hoodie.
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La reconnaissance faciale pour observer un territoire

Un autre moyen pour les États de se protéger est d’utiliser les conduits numériques dans le but de contrôler les frontières du pays ou les circuits intérieurs. L’un des moyens d’action utilise la technologie de la reconnaissance faciale, une méthode d’utilisation de l’intelligence artificielle qui permet de reconnaître des visages et des expressions faciales. La Chine est la plus connue dans ce domaine avec son fameux “crédit social”, un système de points imposé aux citoyens chinois pour les rendre plus vertueux en les contraignant à se comporter moralement pour éviter certaines restrictions : prendre l’avion, manger au restaurant… Ce système fonctionne en partie grâce à des algorithmes numériques qui utilisent les “Data”, correspondantes aux données recueillies sur les visages de citoyens  pour évaluer et reconnaître les personnes qui défilent devant les caméras. En effet, le numérique ne se résume plus à des “cyber-warfare” rendues célèbres par des séries ou films dans lesquels des gangs de hackers se confrontent. Aujourd’hui, le numérique est au service de la guerre, jusque dans ses équipements militaires.

Photo by CHUTTERSNAP / Unsplash

Les nouvelles technologies numériques

Il convient également d’élargir le spectre en incluant les nouvelles technologies telles que la robotique et l’intelligence artificielle, dont nous avons parlé et bien d’autres nouveautés qui révolutionnent le monde numérique. Par exemple, savez-vous que depuis quelques années, la guerre se pilote à distance ? En d’autres termes, la guerre n’induit plus forcément des confrontations physiques entre êtres humains, ce sont désormais des robots pilotés à distance qui s’affrontent. Vous avez sans doute déjà entendu parler des drones ! Ils sont utilisés depuis la guerre froide en tant qu’outils de reconnaissance. Notons par exemple le célèbre “U-2” américain. Leur apparition auprès du grand public tient à l’usage qu’en ont fait les médias culturels. D’abord la littérature puis le cinéma - avec des adaptations de  chefs-d'œuvre de science-fiction comme Terminator. C’est notamment dans l’industrie du jeu-vidéo que nous verrons, de façon réaliste, la mise en relief d’une guerre futuriste. Le jeu appelé “Call Of Duty Black Ops 2”, sorti en novembre 2012, imaginait une nouvelle guerre dans la décennie 2020 - une guerre dominée par les machines. Les robots ne sont pas simplement des unités de soutien, mais bien des acteurs, aujourd’hui aussi importants que les soldats. Une fois n’est pas coutume, la réalité semble avoir rattrapé la fiction. En 2018, le grand public découvre l’utilisation de drones meurtriers en Syrie pilotés par des rebelles à l’encontre du régime de Bashar al-Assad envers une base militaire russe. Ce n’est que l’une des premières attaques qui annoncent une nouvelle guerre basée sur les technologies de  l’intelligence artificielle et de la machinerie.

Call of Duty Black Ops 2 - Treyarch / Activition


Afin de se prémunir contre ces attaques d’un nouveau genre, l’Office National d'Études et de Recherches Aérospatiales français a mis en oeuvre le programme GRAVES, qui a pour but : “de suivre quotidiennement et cataloguer plus de 3000 objets spatiaux en orbite basse”. Le fonctionnement nécessite l’utilisation des ondes. Une fois les informations récoltées, un supercalculateur est en mesure d’effectuer toutes les prévisions de trajectoire, de courbes, des débris stellaires ou d’autres satellites environnants. Cela permet notamment de protéger les satellites français des menaces malveillantes et par extrapolation, de protéger le territoire. La guerre du numérique ne se passe plus sur des ordinateurs.  L’utilisation du numérique, de tout programme informatique ou de tout appareil électronique a désormais des implications matérielles, notamment via la production d’armes d’un nouveau genre.

Ne plus compter sans le numérique

Le numérique est un catalyseur, qui façonne une guerre d’une nouvelle dimension. Pour se protéger dans cette cinquième dimension, les États ont intérêt à investir dans le numérique, la robotique et l’intelligence artificielle, s’ils veulent espérer trôner parmi les vainqueurs. Le monde numérique est avant tout façonné par des êtres humains. Pour l’instant, cette cinquième dimension reste contrôlée par une intervention humaine, mais qu’en sera-t-il lors de l’ère de la 6ᵉ dimension ? Certains parlent de nouvelles technologies comme la nanotechnologie, l’autonomie des machines, les objets connectés. Tandis que d’autres évoquent la continuité de l’évolution d’une cyberguerre, la manipulation des esprits grâce aux réseaux sociaux. En tout cas, le numérique reste pour l’instant le nouvel outil d’Arès.

Airsoft player in protective mask and helmet, with the airsoftgun
Photo by Specna Arms / Unsplash

Alexandre D


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